Comment quantifier le potentiel d’atténuation des additifs alimentaires anti-méthanogènes ? (TRADUCTION)
Les additifs alimentaires anti-méthanogènes offrent une solution prometteuse pour réduire les émissions de méthane entérique de l’élevage de ruminants. Cet article explore les méthodologies actuelles permettant de quantifier ces réductions, depuis l’échelle individuelle jusqu’aux inventaires nationaux, tout en considérant les compromis, synergies et implications à chaque niveau. De l’évaluation des résultats expérimentaux à leur intégration dans des outils comme les bilans Carbone et les systèmes de quotas d’émission, il s’agit d’adapter ces approches aux réalités des exploitations agricoles et aux objectifs de durabilité mondiale.
Les progrès récents dans notre compréhension de la méthanogenèse ont conduit au développement d’additifs alimentaires anti-méthanogènes (AAAM) qui peuvent réduire les émissions de méthane entérique (CH4) à des degrés divers, en ciblant directement les méthanogènes, les accepteurs d’électrons alternatifs, ou en modifiant l’environnement du rumen.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné les nouvelles approches utilisées pour la comptabilisation (c’est-à-dire la quantification) de la réduction du CH4 entérique par l’utilisation d’AAAM dans le secteur de l’élevage, de l’échelle individuelle (l’animal) à l’échelle mondiale. Parallèlement à ce processus, des recommandations sont formulées sur la manière de prendre en compte le potentiel d’atténuation au niveau de l’animal, ainsi que dans des modèles à l’échelle de l’exploitation, dans des systèmes d’échange de quotas d’émission, dans le cadre de l’analyse du cycle de vie (ACV), d’outils d’évaluation de l’empreinte carbone, ou encore dans les inventaires régionaux et nationaux des émissions de gaz à effet des serre (GES). En outre, les auteurs fournissent une évaluation des incertitudes, compromis et compensations potentiels liés à l’utilisation d’AAAM, c’est-à-dire efficacité versus efficience, en amont et en aval des émissions.
La comptabilisation des émissions entériques de CH4 à la ferme et des avantages découlant de l’utilisation d’AAAM commence par l’animal ruminant (avec des estimations obtenues à partir d’une série d’approches, allant de simples facteurs ou équations d’émission empiriques à des modèles complexes basés sur les processus) et va jusqu’aux comptabilisations nationale et supranationale. Le choix des méthodologies et des niveaux de complexité pour rendre compte de l’atténuation des émissions de CH4 entérique (ou de GES totaux) dans les systèmes d’élevage doit être adapté à l’échelle d’analyse visée, à la disponibilité des données d’entrée pour représenter les conditions contextualisées, et aux objectifs de comptabilisation (exercice académique, certification des GES du producteur, inventaire national des GES, etc.). La comptabilisation des effets d’atténuation du CH4 entérique doit prendre en compte les méthodes de distribution des AAAM, ainsi que les synergies et compromis des émissions de GES en amont et en aval de l’animal, afin d’évaluer pleinement l’impact de l’utilisation des AAAM. Dans l’ensemble, la comptabilisation de la réduction du méthane par les additifs alimentaires doit encore être évaluée au-delà des résultats expérimentaux (efficacité) pour tenir compte du pragmatisme (efficience), du potentiel d’adoption et de l’acceptation de cette solution par la société.
Référence : del Prado, Agustin et al. Feed additives for methane mitigation: Assessment of feed additives as a strategy to mitigate enteric methane from ruminants—Accounting; How to quantify the mitigating potential of using antimethanogenic feed additives. Journal of Dairy Science. 108(1):411-29 (PDF disponible en libre accès)
Source : Journal of Dairy Science
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