Prévention cardiovasculaire : réexaminer le rôle des lipides

Les données scientifiques désormais disponibles peineraient à soutenir les recommandations nutritionnelles actuelles sur les lipides pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Analyse et conclusions d’une revue narrative sur le sujet.

En matière de prévention des maladies cardiovasculaires, le discours nutritionnel ambiant préconise de remplacer les acides gras saturés (AGS) par des acides gras polyinsaturés (AGPI). Recommandation qui pourrait bien être remise en cause au vu de l’évolution récente des connaissances. Ces dernières tendent à montrer, en premier lieu, qu’il est aujourd’hui difficile de continuer à considérer les acides gras d’une même famille biochimique comme une seule entité, tant leurs effets individuels se révèlent différents.

Acides gras saturés et polyinsaturés : des niveaux de preuve à la baisse

Ainsi, seuls certains AGS exerceraient des effets indésirables sur le profil lipidique, quand la majorité serait neutre. Une réalité biologique qui pourrait expliquer les résultats contrastés des études sur les AGS totaux concluant tantôt à un risque cardiovasculaire accru, tantôt à une absence d’effet. Côté AGPI, les oméga 3 pourraient s’avérer moins bénéfiques qu’initialement pensé : si les premières études cas-témoins et de cohortes suggéraient un risque cardiovasculaire réduit par leur consommation, les études d’intervention randomisées, moins sujettes aux biais, peinent à conforter ce résultat. De même pour les oméga-6, pour lesquels il existe peu d’arguments en faveur d’un rôle protecteur sur le système cardiovasculaire.

Les acides gras trans industriels, des coupables oubliés ?

Quant aux acides gras trans d’origine industrielle, il se pourrait que leurs effets négatifs aient été sous-estimés. Bien qu’il n’existe pas d’étude d’intervention à leur sujet (pour des raisons éthiques), ils pourraient être plus délétères que d’autres acides gras du fait d’une action pro-inflammatoire, en plus de leurs effets sur les lipides sanguins. Bien que, dans certains pays, l’industrie ait mis en place de nouveaux procédés évitant leur formation au cours de la transformation agroalimentaire, les teneurs en acides gras trans restent encore trop élevées dans d’autres régions du monde.

Des conclusions qui invitent à repenser les recommandations actuelles sur les lipides pour la prévention des maladies cardiovasculaires et à considérer l’alimentation dans son ensemble.

Référence : Fattore E, Massa E. Dietary fats and cardiovascular health: a summary of the scientific evidence and current debate. Int J Food Sci Nutr. 2018 Apr 4:1-12.

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