Les exclusions alimentaires favorisent le syndrôme dépressif

L’association entre les symptômes dépressifs et les régimes végétariens est controversée. Cette étude française (Faculté de médecine, AP-HP, Inserm) examine l’association transversale entre les symptômes dépressifs et les régimes végétariens, tout en contrôlant les facteurs de confusion potentiels.

Des régressions avec de multiples ajustements

Les symptômes dépressifs ont été définis par un score ≥ 19 sur l’échelle CES-D (Centre of Epidemiologic Studies-Depression) et les types de régimes (omnivores, pesco-végétariens*, lacto-ovo-végétariens et végétaliens) ont été déterminés avec un questionnaire de fréquence alimentaire. Les associations entre les symptômes dépressifs et le régime alimentaire ont été estimées par des régressions logistiques avec des ajustements en fonction de facteurs socio-démographiques, de la consommation d’autres aliments, d’alcool et de tabac, de l’activité physique et de problèmes de santé ; des analyses spécifiques ont pris en compte l’exclusion de tout autre groupe d’aliments.

Les syndrômes dépressifs augmentent avec le nombre d’évictions

Les symptômes dépressifs étaient associés aux régimes pesco-végétarien et lacto-ovo-végétarien dans les analyses multivariées (odds ratio [intervalle de confiance à 95%] respectivement de 1,43 [1,19 à 1,72] et 1,36 [1,09 à 1,70]), en particulier en cas de faible consommation de légumineuses (p<0,0001), ainsi qu’avec l’exclusion de tout groupe d’aliments (par exemple, 1,37 [1,24 à 1,52], 1,40 [1,31 à 1,50] et 1,71 [1,49 à 1,97] pour les exclusions respectives de la viande, du poisson et des légumes). Quel que soit le type d’aliment, l’odds ratio des symptômes dépressifs augmentait progressivement avec le nombre de groupes d’aliments exclus (p<0,0001).

En conclusion, les symptômes dépressifs sont associés à l’exclusion de tout groupe alimentaire du régime, y compris les produits d’origine animale, sans pour autant se limiter à ces seuls produits.

* Le pesco-végétarisme (ou « pescétarisme ») est une pratique alimentaire consistant à s’abstenir de consommer de la viande, mais à consommer la chair issue des poissons, des crustacés et des mollusques aquatiques.

Référence: Matta J, Czernichow S, Kesse-Guyot E, Hoertel N, Limosin F, Goldberg M, Zins M, Lemogne C. Depressive Symptoms and Vegetarian Diets: Results from the Constances Cohort. Nutrients. 2018 Nov 6;10(11). pii: E1695. doi: 10.3390/nu10111695.

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