L’OMS et le CIRC rééditent leurs recommandations pour prévenir les cancers (Article de synthèse)
A l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer (4 février 2020), l’OMS et le CIRC ont publié deux rapports coordonnés. Le premier alerte sur la situation dramatique des pays pauvres. Le second rappelle les causes de cancer et ses moyens de prévention.
Sept millions de vies ! C’est ce que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime pouvoir sauver au cours des prochaines décennies, en s’attaquant « aux inégalités inacceptables qui existent entre pays riches et pays pauvres concernant les services de lutte contre le cancer », explique le Dr Ren Minghui, sous-directeur général Couverture sanitaire universelle/Maladies transmissibles et non transmissibles de l’OMS dans le rapport Report on Cancer: Setting priorities, investing wisely and providing care for all. Un autre rapport, réalisé conjointement avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) fournit quant à lui une vue d’ensemble des recherches scientifiques sur les causes, la prévention et le traitement du cancer, couplée à une analyse des inégalités de prévention selon les pays (World Cancer Report “Cancer research for cancer prevention”). Cette analyse est une première pour ce type de rapport : le CIRC y évalue l’impact des inégalités en matière de cancer, de vaccination, de dépistage, de sensibilité génomique individuelle et va jusqu’à l’identification des personnes à risque.
LES RESSOURCES MOBILISÉES PAR LES PAYS PAUVRES SONT INSUFFISANTES
Les pays à revenus faibles et intermédiaires enregistrent actuellement les taux les plus faibles de survie et devraient connaitre une augmentation de 81 % du nombre de nouveaux cas de cancer au cours des deux prochaines décennies. En cause, les ressources insuffisantes consacrées à la prévention, au dépistage et au traitement des cancers.
LES DONNÉES DU CIRC A L’APPUI DES PRIORITÉS FIXÉES PAR L’OMS
Sur la base du rapport conjoint réalisé avec le CIRC, l’OMS livre des recommandations. Parmi les moyens de prévention considérés par l’OMS comme les plus urgents à mobiliser dans ces pays figurent la lutte contre le tabagisme (responsable de 25 % des décès par cancer), la vaccination contre l’hépatite B (cancer du foie) et le papillomavirus humain (cancer du col de l’utérus), ainsi que la mise en place de techniques de dépistage précoce.
L’ALIMENTATION PARMI DE NOMBREUX AUTRES FACTEURS DE RISQUE…
Dans ce rapport, l’alimentation constitue l’une des 11 causes de cancer identifiées. Un petit chapitre reprenant les données des précédents rapports, lui est consacré. Y sont décrites les relations statistiquement observées dans les études entre le risque de cancer et les consommations de végétaux, viande rouge et charcuteries, graisses, produits laitiers et calcium, vitamines et minéraux, produits transformés et de café, ainsi que du type de régimes alimentaires (riches en végétaux, graisses insaturées et limités en produits animaux versus régimes dits occidentaux riches en produits animaux, graisses saturées et produits raffinés). Le cas de l’alcool est traité dans chapitre séparé. Comme les rapports précédents, celui-ci conclut que les méta-analyses d’études épidémiologiques associent une consommation régulièrement élevée de viande rouge (relations observées pour des consommations moyennes supérieures à 100 g/jour tous les jours, ce qui correspondrait à plus de 700 g/semaine en moyenne) à une légère augmentation du risque de cancer colorectal, et classe donc ce facteur comme probablement cancérigène (Groupe 2A).
…ET COMME STRATÉGIE DE PRÉVENTION
Améliorer l’alimentation, en quantité et en qualité, fait donc partie des 12 stratégies de prévention évoquée dans le rapport. L’accent est mis sur des habitudes alimentaires globalement équilibrées intégrant des apports élevés en céréales complètes, fruits, légumes et légumineuses, l’éviction des charcuteries et des sodas, ainsi que des consommations raisonnables mais limitées de viande rouge[1] et des aliments riches en sucre, graisses, sel et calories.
L’OMS espère que ces deux rapports complémentaires serviront aux gouvernements des pays à revenus faibles et intermédiaires pour élaborer des programmes efficaces de lutte contre le cancer.
[1] Le Fond Mondial de la Recherche contre le Cancer (WCRF) conseille de consommer moins de 500 g de viande rouge cuite par semaine (voir article « Viande et cancer : les conclusions du dernier rapport WCRF« ).
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