La filière caprine en pleine progression, selon le séminaire final du projet Cap’Herb (Article de synthèse)

Début avril, les 7es Journées Techniques Caprines ont permis de dresser un état des lieux de la filière et d’en donner une vision aussi bien économique, nutritionnelle que sanitaire.

Les 7es Journées Techniques Caprines (JTC) ont eu lieu les 3 et 4 avril 2019 dans le Morbihan. Ces journées bisannuelles ont pour objectif de faire le point sur des sujets techniques d’actualité. En ouverture, Daniel Sauvant, professeur à AgroParisTech, a notamment présenté les résultats du projet Systali. Son objectif ? La rénovation du système d’alimentation de l’INRA pour les ruminants, qui permet le calcul des rations des animaux. Les principales nouveautés sont à découvrir dans un ouvrage de synthèse disponible sur le site de l’INRA. Parmi elles, la prévision de la ration des animaux couvre désormais une plus grande diversité de pratiques. Les interactions digestives sont mieux prises en compte, et la valeur nutritive réelle de la ration est mieux estimée. De même, l’estimation des dépenses et des besoins énergétiques des animaux est améliorée. Le nouveau système permet ainsi de définir l’alimentation des animaux en fonction des objectifs de leur trajectoire de production (lait ou viande) et rend possible diverses optimisations de la ration.

Autre temps fort des JTC : la présentation du projet Cap’Herb par Jérémie Jost, de l’Institut de l’Elevage (IDELE), qui a tenté d’identifier les principaux freins à l’utilisation de l’herbe et de mesurer l’influence des conditions de pâturage sur les performances des chèvres, grâce à des échanges avec des éleveurs de différentes régions françaises. Ces entretiens ont par exemple fait ressortir que la production laitière des multipares était réduite pour des temps d’accès aux pâturages inférieurs à 6 h. Quatre fiches mémos sur la valorisation de l’herbe sont d’ores et déjà finalisées ; d’autres devraient suivre prochainement.

La filière caprine sur la pente ascendante

Une présentation a ensuite été consacrée à l’économie de la filière caprine. Nicole Bossis et Sébastien Bouyssière de l’IDELE ont souligné la hausse encourageante de 2,6 % de la collecte annuelle de lait de chèvre entre 2017 et 2018, atteignant 480 millions de litres, malgré des importations qui restent à un niveau élevé à 120 millions de litres. Cette reprise devrait toutefois être limitée début 2019, du fait de la mauvaise qualité des fourrages en 2018. Côté fromages, la consommation française reste morose, et l’export absorbe l’essentiel des volumes supplémentaires. Quant aux livreurs de viande, leur nombre a progressé en 2017, pour la première fois depuis 2010. Les revenus des éleveurs ont toutefois été pénalisés par la hausse des charges et par la sécheresse. Afin de maintenir la filière dans une bonne situation économique, les intervenants préconisent donc la mise en place « d’outils d’adaptation à la saisonnalité et aux difficultés d’approvisionnement ».

L’innovation en soutien de la pérennité de la filière caprine

La seconde journée était constituée de plusieurs présentations relatives à l’activité future de la filière. Parmi celles-ci, évoquons celle de Maryline Le Pape de l’Association nationale interprofessionnelle caprine et de Jean-Luc Bouton d’Interbev au sujet du renouvellement des générations d’éleveurs et des attentes sociétales. Afin d’améliorer l’attractivité du métier d’éleveur caprin, un programme d’installation-transmission a été mis en place par l’IDELE depuis fin 2017 et le plan d’amélioration des conditions de travail en élevage caprin a été réactualisé. Par ailleurs, des actions de promotions des fromages de chèvre français ont été réalisées aux USA et en Allemagne depuis deux ans. En matière de bien-être animal, des indicateurs d’objectif de bien-être des chèvres laitières (projet GoatWell), mis en place en septembre 2018, seront évalués à partir de septembre 2020 et une charte de bonne pratique d’engraissement du chevreau est en cours d’élaboration. Afin de maintenir la filière pérenne, compte-tenu de sa modeste rentabilité, une amélioration de la valorisation des chèvres de réforme est à l’ordre du jour, ainsi que le développement de techniques innovantes pour créer des rations individuelles, améliorer la présentation des produits caprins, leur durée de vie et analyser leur qualité nutritionnelle.

Des objectifs sanitaires pour les années à venir

Enfin, un bilan de la visite sanitaire 2017/2018 a été dressé par Estelle Boullu de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres. Dans la filière caprine, en 2018, 1 747 visites ont été réalisées sur les 2 167 réalisables, soit 81 % ; l’intention pour 2019 étant de tendre vers les 90 %. À la suite de ces visites, les objectifs affichés de la prochaine campagne 2019-2020 seront « d’inciter les éleveurs à mettre en place un diagnostic préalable avant d’administrer un antiparasitaire » et de « les sensibiliser aux conséquences de ces traitements sur l’environnement et sur les risques d’apparition de résistances ».

Source : Idele.

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