Viandes rouges et cancer : une nouvelle piste de recherche sur les mécanismes potentiellement impliqués

Le Neu5Gc alimentaire : une nouvelle piste de recherche pouvant expliquer l’association statistique observée dans les études épidémiologiques entre des consommations élevées et régulières de viande rouge (dont les viandes transformées, la charcuterie) et le risque de certains cancers. Contexte : Les études épidémiologiques suggèrent une relation entre une consommation élevée sur le long terme de viande rouge et une légère augmentation du risque de certains cancers (colorectal notamment). Plusieurs hypothèses mécanistiques sont étudiées (fer héminique, composés toxiques générés par des cuissons grillées ou fumées, etc.) mais aucune des théories n’a été prouvée. Objectifs : Les auteurs de cette étude se sont penchés sur le contenu des aliments en acide n-glycolylneuraminique (Neu5Gc), un acide sialique non humain, montrant qu’il est présent en grande quantité dans la viande rouge. La forme liée de Neu5Gc est biodisponible et s’incorpore dans les tissus humains bien qu’il s’agisse d’un antigène étranger. Les interactions entre cet antigène et les anticorps anti-Neu5Gc pourraient favoriser l’inflammation. Même si cette molécule n’est pas synthétisée par le corps humain, on en détecte à la surface de l’épithélium humain et elle est présente en grandes quantités dans les cellules tumorales. Méthodologies : Les auteurs ont quantifié le Neu5Gc dans plusieurs aliments. Ils ont ensuite utilisé des souris déficientes en Neu5Gc afin de voir si les nourrir avec du Neu5Gc biodisponible favorisait l’inflammation. Résultats : Les aliments provenant de mammifères sont les principales sources de Neu5Gc. Ils contiennent des quantités modérées à importantes de Neu5Gc. Ni la volaille, ni les œufs ne contiennent cette molécule. Les produits de la mer n’en contiennent pas non plus. Enfin, les fruits et légumes ne contiennent aucun acide sialique. Dans cette étude, les auteurs observent que les souries déficientes en Neu5Gc nourries avec une alimentation riche en cette molécule et immunisées contre ce Neu5Gc accumulent dans leur tissu le Neu5Gc (en particulier dans le foie) et développent sur le long terme des carcinomes hépatiques.    Toutefois, les auteurs précisent que les conditions expérimentales chez la souris sont éloignées de la réalité chez l’homme (plusieurs sources alimentaires de Neu5Gc, apports variés dans le temps, production d’anticorps dans la durée, tissu cible). De plus, il existe d’autres inconnues chez l’homme comme la quantité et la biodisponibilité du Neu5Gc dans la viande rouge, la quantité de Neu5Gc dans les tissus malins et bénins, le profil variable et complexe des taux d’anticorps polyclonaux dans les populations, la possible inhibition de la progression des tumeurs par des taux élevés d’anticorps, la variabilité des conditions inflammatoires, etc. Conclusion : Selon les auteurs, ces données fournissent une nouvelle piste de recherche sur les mécanismes qui pourraient expliquer l’association statistiques observée dans les études épidémiologiques entre des consommations élevées et régulières de viande rouge (dont les viandes transformées, la charcuterie) et le risque de cancer. Source : A red meat-derived glycan promotes inflammation and cancer progression. Samraj AN, Pearce OM, Läubli H, Crittenden AN, Bergfeld AK, Banda K, Gregg CJ, Bingman AE, Secrest P, Diaz SL, Varki NM, Varki A. Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Dec 29. ncbi.nlm.nih.gov/pubmed  

Article 43/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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