Systèmes d’information nutritionnelle sur les emballages : résultats de l’expérimentation en conditions réelles d’achat

Dans le cadre de la Loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 prévoyant la mise en place d’un système d’affichage nutritionnel sur les emballages, une étude en conditions réelles d’achats a été conduite à partir de septembre 2016 pour évaluer 4 propositions de systèmes d’étiquetage nutritionnel simplifié (deux systèmes synthétiques « Nutri-Score (5C) et SENS) et deux système analytiques (Nutri-Repère et Nutri-Couleurs). Cette étude a été réalisée pendant 10 semaines dans 60 supermarchés situés dans 4 régions de France. Le CREDOC, en complément à l’expérimentation comportementale, a conduit un travail déclaratif sous la forme de questionnaires face-à-face réalisés dans 20 magasins avant et pendant l’expérimentation, puis, sous la forme de questionnaire en ligne, après l’expérimentation. Synthèse des résultats (conclusion du rapport du Comité scientifique) :

  • Trois des quatre systèmes testés (Nutri-Couleurs, Nutri-Score et SENS) sont susceptibles d’entraîner des modifications dans les comportements d’achat des consommateurs au regard de l’effet positif sur le critère retenu, à savoir le score FSA (Food Standards Agency-Nutrient Profiling System). Cet effet, statistiquement significatif, n’est toutefois pas de très grande ampleur. En pourcentage, l’amélioration serait de l’ordre d’environ 4% pour les trois systèmes efficaces. Il faut également rappeler que, pour garantir l’égalité de traitement entre les systèmes, l’intervention n’a été précédée ni accompagnée d’aucune communication sinon l’information, modeste, mise à la disposition des consommateurs sur les lieux de vente.
  • Par comparaison, le quatrième système testé (Nutri-Repère) n’a pas d’effet.
  • L’effet positif des trois systèmes efficaces pourrait être potentiellement favorable en termes de santé publique. En effet, le comité scientifique avait choisi le score FSA parce qu’il s’agissait d’un indicateur validé par des travaux mettant en relation, sur une cohorte importante, son lien aux risques de survenue de cancers, maladies cardiovasculaires, syndrome métabolique et surpoids.
  • Parmi les trois systèmes efficaces, ne permet pas, à elle seule, de mettre en évidence des écarts significatifs entre ces systèmes. Toutefois, la combinaison d’approches multiples explorées systématiquement (par catégories de produis, d’acheteurs, etc.) fait apparaître une supériorité d’ensemble assez nette pour Nutri-Score qui, à l’occasion de ces diverses mesures, n’entraîne jamais, contrairement aux autres systèmes, de dégradation de la qualité nutritionnelle des achats et produit plus souvent que les autres, de façon statistiquement significative, une amélioration de cette qualité. Cet avantage de Nutri-Score est plus marqué chez les consommateurs qui achètent les produits les moins chers. Ce résultat est renforcé par celui de l’étude qualitative, qui place les systèmes synthétiques, et donc notamment Nutri-Score, clairement devant les systèmes analytiques ;
  • Au regard de l’ensemble de l’étude, Nutri-Score apparaît donc comme le système le plus efficace.

Quatre rapports sont disponibles sur le site du FFAS :Rapport du comité scientifique Rapport du CREDOC (enquêtes complémentaires)Rapport d’exécution du FFAS (déroulement de l’expérimentation) Source : FFAS Pour rappel et en complément sur le sujet :

  • Au regard des résultats qui lui avait été présentés en avant première le 14 mars, la Ministre de la Santé Marisol Touraine avait fait savoir par un communiqué de presse qu’elle se félicitait des résultats de ces travaux sur l’impact de logos nutritionnels en déclarant que cette évaluation avait permis de démontrer l’intérêt de l’étiquetage nutritionnel et l’efficacité du logo Nutri-score. Le communiqué de presse stipulait que ces résultats allaient permettre le choix du logo recommandé aux entreprises de l’agroalimentaire et aux distributeurs.
  • Comme l’impose la réglementation européenne, l’application de ce logo sera facultative et reposera sur le volontariat des entreprises de l’agroalimentaire et des distributeurs. Le Ministère s’appuiera sur ce rapport pour finaliser le cahier des charges qui sera adressé à l’ANSES pour avis. L’arrêté définissant le système d’étiquetage nutritionnel que les industriels pourront mettre en œuvre sera pris début avril.
  • L’ANSES avait évalué la faisabilité et la pertinence scientifique (modalités de calcul, etc.) de deux de ces quatre systèmes d’information nutritionnelle : Nutri-score (5C) et SENS. Puis elle avait rendu en février un avis sur la pertinence, en matière de nutrition, de ces deux systèmes, au regard des enjeux de santé publique. Dans ce dernier avis, l’Anses concluait qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques, la pertinence nutritionnelle des systèmes examinés dans une perspective de santé publique n’est pas démontrée. Elle considère que la mise en œuvre d’un système d’information nutritionnelle constitue une mesure d’accompagnement qui vient en complément d’autres actions d’éducation, d’information ou d’encadrement réglementaire.