Sélectionner pour réduire le parasitisme gastro-intestinal du mouton

Des résultats obtenus dans le cadre du projet Gemanema ont fait la preuve qu’il est possible de sélectionner des moutons résistants aux nématodes gastro-intestinaux sans altérer la croissance des ovins et sans entraîner de stratégie d’adaptation des parasites. En parallèle, de nouveaux biomarqueurs d’infestations ont été identifiés.

Les nématodes gastro-intestinaux sont les principaux parasites internes des petits ruminants nourris à l’herbe. Ils sont la cause de pertes économiques importantes pour les élevages de par les diminutions de production (lait) ou les coûts de traitement qu’ils engendrent. Jusqu’ici les traitements anthelminthiques ont constitué la réponse principale à ces infestations. Mais l’écotoxicité avérée de certaines molécules et des phénomènes de résistances observés sur tous les continents conduisent les filières ovines et caprines à rechercher de nouvelles stratégies de lutte.

Vers une gestion intégrée des parasites

Avec l’utilisation raisonnée et sélective des vermifuges, la gestion du pâturage et l’utilisation de fourrages contenant des substances actives comme les tannins, la sélection d’animaux résistants* aux parasites serait l’un des leviers d’une démarche intégrée de gestion des nématodes parasites. Cependant, cette sélection de moutons résistants pose de nombreuses questions sur la virulence des nématodes et les performances des animaux.  Les chercheurs INRA ont étudié plus en avant les effets d’une sélection d’animaux résistants et ont levé certains doutes sur cette stratégie de sélection.

Une résistance multiple, durable, rapidement transférable vers des lignées ovines commerciales

Les chercheurs ont travaillé sur des lignées divergentes de race Romane (une lignée résistante aux infestations, « R » et l’autre sensible « S ») obtenues par sélection phénotypique (observation et sélection après tests d’infestation). Les chercheurs ont montré que le potentiel de résistance inné des moutons R n’est pas affecté par le stress chronique, laissant penser que la résistance est robuste face à des conditions environnementales altérées. Les animaux R ont montré de réelles aptitudes à la résistance en conditions d’élevage. Ils excrètent jusqu’à 6 fois moins d’œufs que les S sans dégrader leurs performances de croissance. La résistance obtenue permet de lutter contre le portage et la dissémination de H. contorchus et dans une moindre mesure, de T. colubriformis.
Cette résistance des hôtes protège aussi d’une adaptation rapide des populations parasitaires. Après cinq infestations successives, la résistance des moutons R était toujours effective et n’a pu être contournée par les parasites. Les travaux ont été réalisés sur des lignées animales proches des lignées commerciales et sont donc rapidement transférables vers les organismes de sélection ovine.

Des biomarqueurs pour les diagnostics d’infestation

En complément, les chercheurs ont travaillé sur des biomarqueurs témoins de l’infestation des moutons par des vers. Des analyses des métabolomes d’animaux naïfs, d’animaux obtenus après une première infestation et d’animaux ayant subi une ré-infestation ont été effectuées et comparées entre eux . S’il n’y a pas de signature permettant de différencier les animaux R des animaux S, des métabolites marqueurs d’infestation ont été identifiés.  Ces marqueurs pourraient signaler une acidose métabolique associée à la spoliation sanguine par les parasites. Des travaux complémentaires sont en cours pour valider ces biomarqueurs et proposer un test de diagnostic pour les animaux fortement parasités.

* La résistance est la capacité de l’hôte à réduire le nombre et /ou la fécondité des parasites qui le colonisent.

Source : Inra.

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