Listériose : l’importance du type d’aliment dans la virulence de Listeria monocytogenes

La listériose est une infection grave, d’origine alimentaire, entraînant une septicémie, une infection du système nerveux central ou une infection du fœtus ou du nouveau-né. L’agent pathogène responsable, Listeria monocytogenes, a la capacité de contaminer les aliments et leurs sites de fabrication. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et de l’Université Paris ont établi que la virulence des bactéries diffère entre les types d’aliments, les produits laitiers étant contaminés avec les bactéries les plus virulentes. Une découverte importante qui nous permet de mieux comprendre la virulence de cette bactérie, et ouvre la voie à un meilleur contrôle de la contamination des aliments et à une meilleure prévention de la maladie.

Listeria monocytogenes est une bactérie d’origine alimentaire, pathogène chez l’homme et l’animal. Elle cause la listériose, une infection particulièrement grave (lire notre fiche maladie). Bien que toutes les souches de Listeria aient longtemps été considérées comme ayant des niveaux de virulence équivalents, l’unité de Biologie des infections de l’Institut Pasteur et de l’Inserm (U1117) et le Centre national de référence des Listeria (hébergé à l’Institut Pasteur) ont précédemment montré qu’il s’agissait en fait d’une espèce très diverse sur le plan génétique et phénotypique, avec l’existence de sous-populations (ou clones) hypervirulentes et hypovirulentes (voir notre communiqué).

Une virulence qui dépend des aliments

Dans une nouvelle étude publiée dans Nature Communications, les chercheurs montrent aujourd’hui que les clones hypervirulents, en particulier CC1, sont associés aux produits laitiers, alors que les clones hypovirulents, principalement CC9 et CC121, sont surreprésentés dans les produits carnés et les produits de la mer. « Les clones hypervirulents colonisent mieux la lumière intestinale et les tissus intestinaux que les clones hypovirulents, suggérant leur meilleure adaptation à l’hôte », explique le Pr Marc Lecuit, de l’unité de biologie des infections à l’Institut Pasteur, de l’université de Paris et du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP. En revanche, les clones hypovirulents présentent plus de gènes de résistance au stress et à un désinfectant fréquemment utilisé dans l’industrie alimentaire, et ont une plus grande capacité à survivre et former des populations bactériennes adhérant aux surfaces en présence de faibles concentrations de ce désinfectant, ce qui suggère une meilleure adaptation de ces clones à l’environnement de production alimentaire.

Des pistes pour réduire les contaminations

Ces résultats contribuent à mieux caractériser les niches écologiques dans lesquelles la virulence et la capacité de survie environnementale évoluent chez Listeria. Ils sont aussi d’une grande importance pour la santé publique, dans la mesure où ils contribuent à mieux comprendre comment Listeria circule entre les différents milieux. « Ces résultats aideront à mieux identifier les voies de contamination des aliments pour réduire leur contamination par Listeria. De plus, ils permettront d’améliorer les recommandations en matière de consommation alimentaire pour les populations à risque », conclut Marc Lecuit.

Source : Institut Pasteur.

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