Les propositions de la FAO pour améliorer nos systèmes alimentaires (Article de synthèse)

Considérant que « nous ne pouvons pas continuer à produire des aliments de la même manière que dans le passé », la FAO vient de publier un ouvrage exhaustif qui liste tout ce qui pourrait mettre en péril une sécurité alimentaire durable. Intitulé « Alimentation et agriculture durables : une approche intégrée », ce livre vise à identifier et équilibrer des stratégies éprouvées et à mettre en évidence les initiatives de gouvernance et politiques qui ont permis de trouver des solutions aux niveaux mondial et national. Parmi les 48 chapitres, l’un concerne directement l’élevage.
 

« Sustainable Food and Agriculture : An Integrated Approach » (Alimentation et agriculture durables : une approche intégrée) se positionne comme le premier livre à passer au crible les menaces imminentes qui mettent en péril la durabilité de la sécurité alimentaire. L’approche de la durabilité se veut « intégrée », c’est-à-dire reposant sur une compréhension multiple et globale, afin d’identifierdes solutions pratiques qui ont déjà fait leurs preuves. Le champ d’étude est vaste, couvrant à la fois les systèmes agricoles, la démographie rurale, le changement climatique, la sécurité alimentaire, l’eau, l’usage des terres, la biodiversité…
Les quelque 600 pages de l’ouvrage rassemblent les travaux et expériences de 78 experts de la FAO et d’un large éventail d’universités et d’organisations du monde entier. 48 chapitres et cinq sections couvrent ainsi desdomaines allant de la démographie à la pauvreté rurale en passant par la biodiversité. Plus spécifiquement, le chapitre 22 est dédié à l’élevage durable et aux aliments d’origine animale.

L’élevage durable : essentiel pour le climat

Dans ce chapitre, les auteurs rappellent que l’élevage serait responsable, directement ou indirectement, de 14,5 % des gaz à effet de serre (GES) ; tandis que certains systèmes d’élevage, notamment ceux en zones sèches, sont les plus exposés au changement climatique. Aussi, améliorer la durabilité de l’élevage et de la production d’aliments d’origine animale représente un élément clé pour lutter contre les changements environnementaux mondiaux.

En pratique, les experts recommandent :

  • une gestion plus efficace des ressources pour maintenir les systèmes de productions animales dans des limites acceptables pour la planète : sélection, santé et alimentation, cycle fermé des nutriments, réduction des pertes et gaspillages alimentaires… ;
  • la préservation des services écosystémiques sur lesquels repose la production ;
  • et la réduction de la dégradation des sols, de la perte de biodiversité et de la pression sur l’utilisation et la qualité de l’eau.

L’élevage durable : essentiel pour l’économie

Le rapport rappelle également que l’élevage joue un rôle économique crucial pour environ 60 % des ménages ruraux dans les pays en développement, y compris les petits exploitants agricoles, l’agro-pastoralisme et le pastoralisme. Il contribue aux moyens de subsistance d’environ 1,7 milliard de personnes. L’élevage est donc essentiel pour atteindre divers objectifs de développement humain, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté parmi les communautés rurales des pays du Sud.

 Des recommandations pour les systèmes spécifiques

Au-delà de ces considérations générales, les experts rappellent que l’élevage est confronté à des challenges particuliers liés aux petites exploitations mixtes (accès limités aux marchés, écarts de rendements…), aux systèmes pastoraux (conflits sur les ressources en terre et en eau, exclusions économique et politique, vulnérabilité en cas d’épidémie…), aux systèmes de pâturages (dégradation des terres, mauvaises conditions de travail…) et à l’élevage intensif (conséquences environnementales de l’intensification, résistances…). Pour y remédier, des recommandations sont formulées pour chaque système de production (conditions de travail, commerce équitable, analyse de cycle de vie…).

 Encore beaucoup à faire

Enfin, le chapitre 22 de cet ouvrage rappelle que les initiatives multipartites et du secteur privé ont progressé dans la transition vers la durabilité mais, compte tenu de la croissance attendue de la demande d’ici 2050, il reste encore beaucoup à faire. A ce titre, les auteurs encouragent à « initier le dialogue et pousser les transitions, dans un contexte où la gouvernance monocentrique [centre de décision unique, par exemple un État comme seule source de droit] et les horizons de planification à court terme restent dominants ».
A noter que la dernière section du livre est consacrée à la recherche et à l’innovation, aux politiques et aux incitations, à la mobilisation des ressources, à la gouvernance et aux institutions : quatre domaines considérés comme les plus critiques pour une évolution vers des systèmes alimentaires et agricoles durables. Elle se termine par une série de recommandations qui, si elles étaient adaptées et adoptées, amélioreraient la productivité et la durabilité de l’agriculture et des systèmes alimentaires.

Référence : The Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). Sustainable Food and Agriculture- An Integrated Approach. Edited by: Clayton Campanhola and Shivaji Pandey. 2019 Elsevier Inc. ISBN : 978-0-12-812134-4.

Source : FAO.

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