La viande rouge n’est pas un facteur de risque indépendant du cancer colorectal selon une récente méta-analyse

Selon l’analyse de 27 études épidémiologiques de cohorte publiées jusqu’à ce jour, l’association entre la consommation de viande rouge et le risque de cancer colorectal est faible et hétérogène, il est difficile de distinguer les effets d’autres facteurs alimentaires ou de style de vie et il n’existe pas d’effet dose-réponse apparent. Ce pourquoi, les auteurs concluent que la consommation de viande en elle-même ne peut pas être considérée comme un facteur de risque. Objectif : Faire une mise à jour quantitative des données scientifiques épidémiologiques en intégrant à une méta-analyse précédente (publiée en 2011) les nouvelles données sur le sujet et en réalisant une évaluation des estimations des risques selon certaines catégories spécifiques de consommation, les localisations des tumeurs, le sexe ou la localisation géographique de l’étude. Méthodologie : Les données de 27 études de cohorte prospectives ont été inclues dans la méta-analyse (12 USA, 8 Asie, 6 Europe et 1 Australie) et les sources potentielles d’hétérogénéité ont été étudiées par des analyses de sous-groupe et de sensibilité. Les auteurs ont tenté d’examiné les profils dose-réponse. Les données de consommation n’ont pas été recalculées mais utilisées selon qu’elles étaient exprimées en quantité par jour (14 études) ou en portion par semaine (10 études). 10 études incluaient les viandes transformées, 17 les viandes rouges indépendamment des viandes transformées, 13 définissaient explicitement les différentes viandes rouges. Résultats : Sur les 48 points individuels estimés (pour les niveaux de consommation les plus élevés à chaque fois) reflétant les données de 27 études individuelles, seules 8 associations étaient significatives. 1/3 des risques relatifs était nul ou inférieur à zéro et la moitié était inférieure à 1.05. La méta-analyse de toutes les cohortes rapporte une légère élévation de la somme des risques relatifs (SRRE=1.11 ; 1.03-1.19) mais avec une hétérogénéité statistiquement significative. Dans le modèle qui n’incluait que les 17 études sur la viande rouge fraiche, la somme des risques relatifs descendait à 1.05 (0.98-1.12) et n’était plus significatif. Dans le modèle incluant les 13 études qui définissaient clairement les viandes rouges, la somme des risques relatifs était de 1.04 (0.98-1.14). Lorsque l’analyse se limitait aux études ajustant leurs données sur au moins 3 facteurs confondants, elle était de 1.08 (1.00-1.17). Les associations étaient plus fortes dans les études incluant uniquement les données Nord-Américaines (SRRE=1.18) comparées à celles incluant les autres pays (SRRE=1.07). De même, l’analyse des seules études publiées avant 2000 montrait un risque plus élevé (SRRE=1.30) par rapport aux études publiées ces 5 dernières années (SRRE=1.09). Les associations étaient plus fortes pour le cancer rectal (SRRE=1.17) que pour celui du colon (SRRE=1.11) mais les données étaient très atténuées lorsque plusieurs facteurs confondants étaient pris en compte ou quand uniquement les études sur la viande fraiche étaient analysées (cancer rectal : SRRE=1.03 et cancer du côlon SRRE=1.06). De même les associations étaient un peu plus fortes chez les hommes (SRRE=1.16) que chez les  femmes (SRRE=1.03). L’analyse des consommations rapporte que le risque pour chaque 70 g supplémentaire était de 1.05 et celui pour chaque portion par semaine supplémentaire de 1.02 mais aucune association dose réponse n’était retrouvée. Conclusion : En l’état des données, l’association entre la consommation de viande rouge et le risque de cancer colorectal est faible, hétérogène ; il est difficile de distinguer les effets d’autres facteurs alimentaires ou de style de vie, qu’il n’existe pas d’effet dose-réponse apparent et que les preuves sont encore faibles pour l’instant. Source : Red Meat and Colorectal Cancer: A Quantitative Update on the State of the Epidemiologic Science. Alexander DD, Weed DL, Miller PE, Mohamed MA. J Am Coll Nutr. 2015 Nov-Dec;34(6):521-43. doi: 10.1080/07315724.2014.992553. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25941850

Article 20/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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