La souche BTV-8 de 2015 présente-t-elle une plus faible pathogénicité que celle de 2007 ?
En collaboration avec les virologistes de l’Institut de Pirbright (Angleterre), une équipe de l’Anses a comparé la pathogénicité d’une souche de virus de fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (BTV-8) isolée en 2007 et celle d’une souche isolée en 2015 chez des moutons.
Deux lots de brebis (> 7ans et négatives pour le BTV-8) de race britannique ont été inoculés, l’un (n=8) avec une souche de BTV-8 de 2007 isolée outre-Manche et l’autre (n=8) avec une souche de 2017 provenant d’un foyer en France (même charge virale de l’inoculum). Dans chaque groupe, une autre brebis non inoculée était laissée pour évaluer une transmission directe. Les animaux étaient observés quotidiennement et des prises de sang ont été réalisées régulièrement sur tous les animaux jusque 21 jours post-inoculation (PI).
Dans le groupe BTV8-2007, les signes cliniques typiques de la fièvre catarrhale ovine ont été observés plus fréquemment et de manière plus prononcée que dans le groupe BTV8-2015 (6/8 et 1/8 modérément affectés, p=0,04, et 2/8 et 7/8 faiblement affectés, respectivement). Et la note clinique maximale était supérieure dans le premier groupe par rapport au second (p=0,014) et en particulier cinq brebis sur huit présentaient une fièvre de plus de 40,5° C (contre 2/8 dans l’autre groupe). Il n’y a pas eu de transmission aux brebis sentinelles de chaque groupe.
Toutes les brebis inoculées ont présenté une augmentation du taux de protéine C-réactive à partir de 2 jours PI, avec un pic décalé entre les deux groupes, mais sans différence statistique sur ce décalage temporel. En revanche, le groupe BTV8-2007 avait une charge génomique au pic supérieure à celle du groupe BTV8-2017 (médiane à 107 et 105,4 copies de de génome/ml, p=0,021).
Le virus de 2007 persistait chez sept des huit animaux survivants en fin d’essai (J21 PI), tandis que celui de 2015 n’était plus détectable que chez trois des sept survivants dans l’autre groupe (une euthanasie dans chaque groupe).
Ainsi, la souche isolée en 2007 semble plus pathogène que celle isolée en 2015 dans un modèle expérimental ovin. Cela pourrait contribuer à expliquer l’absence actuelle de foyers cliniques de BTV-8 dans les troupeaux ovins en France continentale.
Cette potentielle diminution de pathogénicité du BTV-8 chez les petits ruminants n’est pas corrélée à la capacité du virus à infecter le fœtus de bovins en gestation, comme cela est actuellement observé en France continentale.
Référence bibliographique : Flannery J, Sanz-Bernardo B, Ashby M, Brown H, Carpenter S, Cooke L, Corla A, Frost L, Gubbins S, Hicks H, Qureshi M, Rajko-Nenow P, Sanders C, Tully M, Bréard E, Sailleau C, Zientara S, Darpel K, Batten C. 2019. Evidence of reduced viremia, pathogenicity and vector competence in a re-emerging European strain of bluetongue virus serotype 8 in sheep. Transbound Emerg Dis. 2019 Jan 20. doi: 10.1111/tbed.13131.
Source : Plateforme ESA.
À voir aussi
-
Maladies animales et zoonoses5 avril 2024
Point de situation sur la maladie hémorragique épizootique (MHE) en France
Le ministère de l’Agriculture a publié sur son site un état des lieux de la situation en France concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE). Les premiers foyers français ont été déclarés en septembre 2023 dans des élevages de bovins du sud-ouest. Au 7 mars 2024, 4 002 foyers de MHE ont été recensés en France… -
Médicament vétérinaire5 avril 2024
Alimentation des animaux d’élevage et recours aux antibiotiques : la Chaire Bien-être animal rappelle la réalité des filières en France
Les antibiotiques sont strictement interdits dans l’alimentation animale en tant que facteurs de croissance au sein de l'Union européenne. Dans de très rares exceptions, après un diagnostic et une prescription par un vétérinaire, des aliments contenant des antibiotiques peuvent être utilisés pour empêcher l’aggravation d’une maladie chez un ou plusieurs animaux (métaphylaxie) et sa propagation… -
Médicament vétérinaire5 avril 2024
Rapport de synthèse de l’Union européenne sur la résistance antimicrobienne des bactéries provenant des humains, des animaux et des denrées alimentaires en 2021-2022
Ce rapport de l'Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments) et de l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) donne un aperçu des principaux résultats de la surveillance harmonisée de la résistance aux antimicrobiens en 2021-2022 de Salmonella spp, Campylobacter jejuni et C. coli, chez l'Homme et les animaux producteurs de denrées…