La construction d’un nouveau problème public : le carnisme

A l’échelle mondiale, les fractions modernisatrices des sociétés adoptent de nouvelles représentations et de nouveaux comportements alimentaires qui contribuent à constituer un nouveau « problème public » : celui de la consommation de viande (que l’on peut dénommer « carnisme »). Par « problème public » on entend, au sens de la sociologie politique, des situations dangereuses ou potentiellement dangereuses qui sont reconnues par un groupe social comme susceptibles de remettre en cause l’ordre social et qui exigent l’intervention d’une autorité politique. Qu’est-ce qui fait donc que la consommation de viande, qui ressortait hier de l’ordre de l’évidence, est maintenant critiquée et remise en cause ? Les sociétés sont travaillées de l’intérieur par des évolutions, des tensions, des contradictions, des relations politiques, des dynamiques culturelles, qui questionnent leur propre fonctionnement, qui rendent à un moment donné, dans un contexte donné, condamnables des faits qui étaient éminemment valorisés auparavant. Comment le normal devient-il pathologique ? Nous sommes en train de vivre autour de la viande, autour des comportements et régimes alimentaires, le même type de processus historique de construction d’un « problème public ». La viande était présentée comme une normalité positive ; elle est de plus considérée comme une anormalité négative. Cette évolution sera présentée en trois temps : d’abord une rapide description du système alimentaire hérité du passé ; ensuite des remarques sur les sources d’évolution de ce système ; enfin quelques développements sur le « carnisme » comme problème public contemporain. Article rédigé par Bruno Hérault (Centre d’études et de prospective, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt).

Article 1/4 du dossier "Dossier JNGTV 2017"

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