Étude sur les conditions de déploiement d’un accompagnement stratégique vers une agriculture à bas niveau d’intrants

Différents organismes ont développé des démarches d’accompagnement stratégique des exploitations agricoles. Fin février 2019, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a publié une étude visant à mieux connaître ces nouvelles formes de conseil et à voir en quoi elles pourraient contribuer à la transition agro-écologique.

Le terme de conseil stratégique recouvre aujourd’hui une multitude de pratiques renvoyant à la diversité des besoins et des modèles agricoles. Ces approches ont en commun de proposer un service d’accompagnement de la réflexion volontaire des agriculteurs sur leurs pratiques. Leur fondement est l’idée que la performance globale de l’exploitation agricole dépend de son couplage avec son environnement. Elle repose donc sur l’explicitation d’une lecture globale de l’environnement et de l’exploitation à moyen ou long terme.

Son objet est de soutenir l’orientation, le cadrage et les ajustements du travail agricole sur l’exploitation. Il est finalisé par l’action : il n’y a pas de
conseil stratégique sans déclinaison opérationnelle, comme il n’y a pas de conseil tactique sans orientations stratégiques.

Le conseil stratégique, nécessaire à la transition agro-écologique

Le besoin d’accompagnement de la reconception des systèmes productifs rend le conseil stratégique nécessaire à la transition agro-écologique ; le conseil stratégique n’est pas historiquement agro-écologique, mais il peut l’être, selon les choix faits par les acteurs qui le portent. Une grande diversité de contributions du conseil stratégique à la transition agro-écologique est donc concevable, et revendiquée par les acteurs.

Ce type d’accompagnement demeure aujourd’hui faiblement mobilisé par les agriculteurs. Son incorporation dans l’offre de conseil est inégale malgré le rôle central de recomposition et de mise en cohérence de l’offre de conseil qu’il pourrait jouer. Le conseil stratégique joue un rôle important d’adaptation à l’exploitation de pratiques pouvant être conçues ou organisées à distance de celle-ci. Il peut et tend à déplacer vers l’exploitation agricole les lieux de décision du travail agricole, remettant en cause certains aspects de la structuration historique de l’appareil de conseil.

Un besoin de formation pour un conseil adapté

Le conseil stratégique nécessite un large panel de compétences opérationnelles de haut niveau, encore rares dans l’appareil de conseil. La formation initiale incorpore progressivement les démarches de conseil stratégique dans ses contenus, du BTS aux diplômes d’ingénieurs. L’échelon des licences professionnelles, pourtant pertinent, souffre d’un déficit de cohérence et de visibilité : c’est un axe prioritaire d’amélioration, permettant un couplage entre formation initiale et continue. La formation continue des conseillers repose en grande partie aujourd’hui sur la publicité d’outils spécifiquement développés pour l’agriculture. Bien que pertinente et mobilisée, cette voie réclame d’être soutenue et complétée. La formation des managers nécessite un travail spécifique.

Ces fonctions de conseil stratégique sont encore rares et fragiles. Leur déploiement est aujourd’hui le fait de personnes compétentes et convaincues de l’intérêt de telles démarches, mais qui demeurent souvent relativement isolées dans leurs propres organisations. Renforcer leur pouvoir d’agir est nécessaire.

Le déploiement de fonctions de conseil stratégique à grande échelle réclame donc encore des apprentissages individuels, organisationnels, et managériaux devant être soutenus par l’action publique. Vu la diversité des pratiques et l’inégalité du déploiement, une normalisation nous semble risquée, l’encouragement de la créativité doit être maintenu.

Source : Alim’Agri.

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