Consommations de fer alimentaire et risque de cancer du sein : modulation par les antioxydants

La supplémentation en antioxydants semble diminuer le risque de cancer du sein qui serait associé à une consommation élevée de fer alimentaire total chez les femmes selon la cohorte Française SU.VI.MAX. Contexte et Objectif : Des résultats d’études expérimentales suggèrent que la peroxydation lipidique induite par le fer pourrait expliquer les associations directes observées entre des consommations élevées de viande rouge ou de viande transformée (ce qui s’apparente à la charcuterie) et l’augmentation du risque de cancer colorectal et du cancer du sein. Cependant, il n’existe pas de preuve épidémiologique. Ces chercheurs ont donc étudié l’association entre l’apport alimentaire de fer et le risque de cancer du sein, ainsi que sa modulation potentielle par une supplémentation en antioxydants et une consommation de lipides. Méthodologie: Cette étude prospective inclut 4646 femmes de l’essai de SU.VI.MAX (antioxydants vs placebo). Après un suivi moyen de 12,6 années, 188 cancers du sein ont été diagnostiqués. L’apport alimentaire en fer a été évalué à l’aide d’enregistrements alimentaires répétés sur 24 heures. Des modèles à risque proportionnels de Cox ont été utilisés pour estimer les associations. Résultats : Une relation est observée entre des apports élevés en fer alimentaire (>11,9 mg/j) comparativement à des apports plus faibles (<9.3 mg/j) et une augmentation du risque relatif de cancer du sein chez les femmes post-ménopausées ((HRT3vs.T1 = 1,85 (1,02-3.34), P = 0,04). Des résultats similaires sont observés avec le fer provenant des viandes transformées (charcuteries) (HRT3vs.T1=1.60 (1.07-2.37), P=0.02). En revanche, aucune augmentation du risque n’est observée avec le fer provenant des viandes rouges (HRT3vs.T1=1.00 (0.70-1.43), P=0.9). Cette relation avec le risque ce cancer du sein est par ailleurs modulée par la prise d’antioxydants car elle est observée dans le groupe placebo (HRT3vs.T1 = 2,80 (1,42-5,54), P= 0,003), mais pas dans le groupe supplémenté en antioxydants (HRT3vs.T1=0.86 (0.43-1.74), P=0.7). Une stratification des données a été réalisée selon les consommations de lipides des sujets (> ou < 78.5g/jour). Dans le groupe placebo, l’augmentation du risque de cancer du sein associée à l’apport en fer alimentaire total est plus particulièrement observée chez les femmes ayant un apport lipidique supérieur à 78.5g/j (P = 0,046) tandis qu’aucune association n’est observée lorsque les apports lipidiques sont inférieurs à 78.5g/j (HRT3vs.T1=1.99 (0.79, 4.99), P =0.1). Conclusion : Pour les auteurs, ces résultats suggèrent que l’ingestion de fer alimentaire peut être associée à une augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes en post-ménopause, n’ayant pas reçu d’antioxydants au cours de l’essai et ayant consommé plus de lipides (> 35 % de l’Apport énergétique journalier). Ceci confirme les résultats de certaines études expérimentales qui suggèrent que le risque de cancer du sein peut être augmenté par la peroxydation lipidique induite par le fer. A noter cependant que l’augmentation du risque de cancer du sein en relation avec des consommations alimentaires totales élevées chez les femmes n’est été observée que chez les femmes ménopausées et ayant des apports lipides élevés.  La question de l’origine alimentaire est à examiner plus attentivement puisque aucune augmentation du risque de cancer du sein n’a été observée entre les consommations de fer provenant des viandes rouges non transformées. Source : Diallo A, Deschasaux M, Partula V, Latino-Martel P, Srour B, Hercberg S, Galan P, Fassier P, Guéraud F, Pierre FH, Touvier M. Dietary iron intake and breast cancer risk: modulation by an antioxidant supplementation. Oncotarget. 2016 Oct 12.

Article 53/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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